Radio-Canada a invité ses abonnés à suivre ses comptes sur d’autres plateformes, incluant YouTube, Facebook, Instagram et TikTok. (Photo: La Presse Canadienne)
CBC/Radio-Canada a annoncé lundi la suspension de ses activités sur Twitter après que son compte anglophone eut été désigné par le réseau social comme étant «financé par le gouvernement».
Dans un gazouillis publié lundi après-midi, le diffuseur public a réitéré que son «journalisme est impartial et indépendant» et que «prétendre le contraire est faux».
«C’est pourquoi nous suspendons nos activités sur Twitter», a fait savoir CBC/Radio-Canada.
Our journalism is impartial and independent. To suggest otherwise is untrue. That is why we are pausing our activities on @Twitter. | Notre journalisme est impartial et indépendant. Prétendre le contraire est faux. C’est pourquoi nous suspendons nos activités sur @Twitter.— CBC/Radio-Canada (@CBCRadioCanada) April 17, 2023
Le diffuseur public a ainsi cessé de publier ses articles sur le réseau social peu avant 15h, lundi. En français, tous les comptes liés à Radio-Canada, incluant ceux de l’information, des sports, ainsi que ceux des stations ICI Première et ICI Musique, ont partagé la déclaration officielle concernant la suspension des activités sur le réseau social dirigé par le milliardaire Elon Musk.
Dans un autre gazouillis, Radio-Canada a invité ses abonnés à suivre ses comptes sur d’autres plateformes, incluant YouTube, Facebook, Instagram et TikTok.
«Twitter peut être pour les journalistes un outil très efficace pour communiquer avec les Canadiens, mais en mettant ainsi en doute notre indépendance au moyen de cette étiquette mensongère visant à tromper le public, ce réseau remet en question l’exactitude et le professionnalisme du travail effectué par nos journalistes», a ajouté CBC/Radio-Canada dans un communiqué de presse.
Cette «pause» des activités sur Twitter concerne uniquement les comptes gérés par le diffuseur public. «Les comptes personnels et professionnels de nos employés, y compris de nos journalistes, ne sont pas concernés», a précisé CBC/Radio-Canada.
Dimanche soir, Twitter a identifié le compte officiel de la CBC comme un média «financé par le gouvernement». Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, avait présenté une demande officielle en ce sens au réseau social la semaine dernière.
Dès l’ajout de la mention sur son compte principal, CBC a fait valoir que «CBC/Radio-Canada est financée par des fonds publics au moyen d’un crédit parlementaire voté par tous les députés».
«La politique de Twitter définit les médias financés par le gouvernement comme des cas où le gouvernement “peut intervenir à divers degrés dans le contenu éditorial”, ce qui n’est clairement pas le cas pour CBC/Radio-Canada», a-t-on ajouté.
Dans un courriel envoyé à La Presse Canadienne, le porte-parole institutionnel de CBC/Radio-Canada, Leon Mar, a indiqué que Twitter n’a pas consulté le diffuseur public avant d’appliquer la mention. Une lettre a donc été envoyée à Twitter pour lui demander de réexaminer sa décision.
Lundi après-midi, seul le compte principal de la CBC avait reçu la mention. Ses autres comptes, incluant ceux de Radio-Canada, son penchant francophone, n’étaient pas touchés.
Twitter a déjà apposé l’étiquette controversée sur les comptes de la BBC, le diffuseur public britannique, et ceux de la National Public Radio, la radio publique américaine. Celle-ci a d’ailleurs dénoncé cette mesure comme une atteinte à son intégrité en matière d’indépendance éditoriale et a décidé de ne plus être active sur le réseau social.
Sur son site, Twitter définit les «médias financés par des gouvernements» comme étant des «médias dont le contenu éditorial est contrôlé par cet État par l’intermédiaire de ressources financières, de pressions politiques directes ou indirectes et/ou d’un contrôle sur la production et la distribution».
En 2021-22, la Société Radio-Canada a reçu plus de 1,2 milliard de dollars (G$) en financement public, soit une baisse par rapport aux quelque 1,4G$ de l’année précédente.
Malgré tout, le diffuseur public estime qu’il ne répond pas aux critères de Twitter, parce qu’il est financé par des fonds publics grâce à un crédit parlementaire voté par tous les députés, et que son indépendance éditoriale est protégée par la Loi sur la radiodiffusion.
Twitter fait aussi une distinction entre les «médias financés par des gouvernements» et les «médias affiliés à un État». Le réseau social décrit les médias de la deuxième catégorie comme étant des «médias dont le contenu éditorial est contrôlé par cet État par l’intermédiaire de ressources financières, de pressions politiques directes ou indirectes et/ou d’un contrôle sur la production et la distribution».
En réponse à de nombreuses questions de différents médias — dont La Presse Canadienne — sur l’étiquette, Twitter a répondu avec un courriel généré automatiquement contenant un émoji de caca.