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Médias: la grogne contre Meta s’amplifie

Dominique Talbot|Publié le 12 Décembre 2023

Médias: la grogne contre Meta s’amplifie

La liste d’entreprises qui ont décidé d’adhérer au «Mouvement média d’ici» «grossit d’heure en heure». (Photo: 123RF)

La grogne contre Meta s’amplifie dans le milieu des affaires québécois. Après l’appel au boycott de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain ainsi que de celle de Québec, près de 90 entreprises et sociétés d’État québécoises se sont engagées à appuyer le «Mouvement média d’ici».

En rejoignant celui-ci, les entreprises s’engagent à investir dans les médias canadiens un minimum de 25% de leurs placements médias numériques. La liste des signataires inclut de grandes entreprises et sociétés d’État comme Desjardins, Lassonde, Québecor, Bell Média Québec, Metro, Loto-Québec et Via Rail.

Dans le cas de Loto-Québec, la société d’État suit l’exemple de la SAQ et Hydro-Québec, qui ont décidé de suspendre leurs placements publicitaires dans les différentes plateformes de Meta, notamment Facebook et Instagram. Les gouvernements du Québec et du Canada ont fait de même il y a deux semaines, tout comme les villes de Montréal, Québec et Longueuil.

La liste d’entreprises qui ont décidé d’adhérer au «Mouvement média d’ici» «grossit d’heure en heure», affirme Dominique Villeneuve, présidente de l’Association des agences de communication créative, à l’origine de ce mouvement.

«Nous avons lancé le mouvement il y a trois ans, mais il n’y avait pas d’engagement public. Il y avait beaucoup de sensibilisation et d’éducation sur le sujet, mais nous n’avions pas demandé aux entreprises d’officialiser publiquement cet engagement. Ça, c’est la nouveauté derrière le mouvement actuel», dit Mme Villeneuve.

«On voit des noms de PME, de musées, d’entreprises en région. […] Le message que cela envoie, c’est que ça touche toutes les entreprises et organisations. Et elles ont pris la responsabilité sociale d’avoir un écosystème médiatique en santé et qu’elles avaient une responsabilité corporative.»

«En signant ce mouvement-là, elles font un témoignage public d’appui aux médias et à partir de là, elles prennent une décision d’affaires d’investir davantage dans le numérique dans les médias d’ici», affirme-t-elle.

Le 6 juillet, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain a décidé de mettre fin à ses activités sur les plateformes de Meta, tout en encourageant les entreprises à boycotter le géant du numérique.

Dans un communiqué, son président, Michel Leblanc, a affirmé que «le milieu des affaires s’est mobilisé pour lancer un signal clair : les GAFAM doivent respecter nos choix collectifs et nos processus démocratiques. Ils doivent se conformer à l’esprit du projet de loi C-18.»

M. Leblanc a souligné que «Meta a décidé d’engager un bras de fer en se retirant complètement des discussions et en supprimant de ses plateformes les contenus des médias canadiens. Pour nous, cette stratégie est un affront à la décision d’un gouvernement élu démocratiquement, qui œuvre dans l’intérêt de l’économie canadienne.» «Personne n’est au-dessus de nos lois», a-t-il tranché.

«On invite Meta à revenir à la table de négociations. Tout le monde doit y être pour trouver des solutions. Google a fait la menace, mais est toujours à la table en train de discuter. Ce que nous voulons, c’est conserver un écosystème de médias en santé. L’information est un accès à la démocratie pour les citoyens. Il faut faire preuve de responsabilité corporative dans ce dossier», dit quant à elle Dominique Villeneuve.

Rappelons qu’à la suite de l’adoption du projet de loi C-18 à la fin juin, qui obligera Google et Meta à payer pour le contenu d’actualités qu’ils partagent ou réutilisent d’une autre façon sur leurs plateformes, Meta a annoncé qu’elle mettra fin à l’accès aux nouvelles sur Facebook et Instagram.

La société mère de Facebook a aussi lancé une campagne publicitaire sur ce réseau social pour critiquer la loi et expliquer pourquoi l’entreprise supprime les informations de la plateforme.

Pendant ce temps, Google, qui a aussi menacé de retirer les liens des nouvelles canadiennes de son moteur de recherche, a décidé de ne pas autoriser l’utilisation de son nouveau robot conversationnel basé sur l’intelligence artificielle au Canada.

Un porte-parole de Google a déclaré que l’entreprise se penchait sur l’incertitude réglementaire au Canada liée à Bard, un outil de conversation en ligne considéré comme un concurrent du très prisé Chat GPT, d’OpenAI.

Le robot conversationnel est désormais disponible dans plus de 200 pays, mais le Canada est exclu, de même que des pays comme la Russie, la Corée du Nord, la Chine, la Biélorussie, l’Afghanistan et la Syrie.

Avec les informations de La Presse canadienne