Avec une inflation moyenne à 6,47%, qui a réduit d’autant le pouvoir d’achat des ménages du pays, on peut dire que les investisseurs se sont doublement appauvris l’an dernier. (Photo: 123RF)
On sait déjà que 2022 n’a pas été de tout repos pour les investisseurs, le S&P 500 ayant perdu 18,11% de sa valeur, alors que l’indice obligataire Bloomberg-Barclays Aggregate, référence pour les titres à revenu fixe, cédait 13,01%. Ce qu’on sait moins, c’est que l’investisseur moyen a réalisé des rendements encore pires l’an dernier.
Selon la 29e édition de l’étude « Quantitative Analysis of Investor Behavior » (Analyse quantitative des comportements des investisseurs), de la société américaine Dalbar, l’investisseur boursier moyen a encaissé une perte de 21,17% l’an dernier. Ceux qui ont misé sur les obligations s’en sont un peu mieux sortis, avec des pertes moyennes de 13,79%.
L’entreprise publie cette étude chaque année depuis 1994. Le document cible autant les investisseurs individuels que professionnels et cherche à comparer le rendement obtenu par la moyenne des investisseurs par rapport au S&P 500 et au Bloomberg-Barclays Aggregate.
La bonne nouvelle pour 2022, à la lumière des résultats obtenus, c’est que du côté des actions, la sous-performance moyenne par rapport au S&P 500 a été de seulement 3,06 points de pourcentage l’an dernier. En 2021, pendant que l’indice phare de la Bourse de New York grimpait de 28,7%, l’investisseur moyen avait enregistré un rendement de 18,39%, un écart monstrueux de plus de 10 points de pourcentage.
Du côté obligataire, la performance a été de seulement 0,78 point de pourcentage sous l’indice.
Sans oublier qu’avec une inflation moyenne à 6,47%, qui a réduit d’autant le pouvoir d’achat des ménages du pays, on peut dire que les investisseurs se sont doublement appauvris l’an dernier.
En comparant les écarts de rendements obtenus en 2021 et en 2022, on serait tenté de dire que la situation s’améliore pour les investisseurs, car ils ont mieux performé par rapport à leur indice de référence l’an dernier. Ces rendements cachent toutefois des tendances lourdes à plus long terme. Au cours des 30 dernières années, l’étude de Dalbar affirme que l’investisseur boursier a réalisé un rendement moyen annuel de 6,81%, alors que celui qui a misé sur les titres à revenu fixe a subi une perte moyenne de 0,14%. Pendant la même période, le S&P 500 et le Bloomberg-Barclays Aggregate ont grimpé respectivement de 9,65% et de 4,55% en moyenne chaque année.
Un investisseur qui aurait choisi de rester présent dans les marchés en tout temps en misant sur des fonds indiciels, peu importe les fluctuations des marchés à court terme, aurait donc enregistré des rendements supérieurs.
Comme quoi les investisseurs laissent de précieux points de rendements sur la table en décidant de vendre au mauvais moment ou en décalant des achats « en attendant que ça remonte ». Il vaut mieux, souvent, conserver ses placements plutôt que de se laisser déconcentrer par des baisses, même prononcées, des marchés financiers.
Combien de temps avant un retour au sommet?
Les marchés boursiers n’ont pas encore récupéré toutes leurs pertes encaissées l’an dernier et il est impossible de savoir quand cela surviendra. Dalbar rappelle qu’au cours des 50 dernières années, outre 2022, le S&P 500 a reculé de 10% ou plus à seulement cinq reprises : en 1973, 1974, 2001, 2002 et 2008. Dans le pire des scénarios, à deux reprises, soit après les replis de 2001 et de 2008, les marchés boursiers ont mis quatre ans avant de revenir à leur sommet. Pour que les portefeuilles individuels suivent la même trajectoire, ils doivent toutefois pouvoir bénéficier pleinement de chaque point de remontée. Il n’y a qu’une manière d’y parvenir : rester présent en tout temps dans le marché. L’autre est d’arriver à deviner correctement à tout coup les fluctuations des marchés boursiers à court terme, un jeu très dangereux.
Le jeu des devinettes
Le plus intéressant, dans l’étude de Dalbar, est le «guess right ratio», qui mesure en pourcentage le nombre d’investisseurs qui arrivent à deviner correctement les fluctuations boursières dans le mois suivant un achat ou une vente. Un achat suivi d’une hausse boursière et une vente suivie d’une baisse sont considérés comme des prédictions exactes. En 2022, les investisseurs ont prédit avec justesse l’évolution des marchés boursiers six mois sur douze. L’équivalent de tirer à pile ou face!
Au cours des 20 dernières années, les investisseurs ont tout de même réussi à obtenir un taux de succès de 50% ou plus à 13 reprises, ce qui n’est pas anodin. Je me serais attendu à des performances beaucoup plus faibles. Toutefois, même lorsque la justesse des prévisions a dépassé 80% en une année, les auteurs de l’étude soutiennent que cela ne s’est pas traduit par des rendements supérieurs des portefeuilles.
Ils expliquent que les montants investis ou vendus au mauvais moment excèdent grandement ceux des « bons coups », et ajoutent qu’une mauvaise prédiction peut effacer les gains enregistrés lors de plusieurs bons mois consécutifs.
L’objectif de nombreux épargnants, lorsqu’ils investissent à la Bourse ou dans les obligations, est d’accumuler suffisamment d’argent pour pouvoir s’offrir une retraite confortable. Seriez-vous prêts à jouer ces revenus à pile ou face? Pas moi.
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