Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Notice: Only variables should be passed by reference in /var/www/html/web/app/themes/lesAffaires/utilities/m32_manager.php on line 250

Développement logiciel: la revanche des néophytes

Marie-Pier Frappier|Publié le 28 février 2023

Développement logiciel: la revanche des néophytes

Aujourd'hui, les petites comme les grandes entreprises ont besoin d'outils numériques pour survivre. (Photo: 123RF)

INDUSTRIE DES TI. À mesure que la numérisation intègre toutes les facettes de nos vies, incluant celle du travail, les éditeurs de logiciels ont tout intérêt à concevoir des produits pour le plus grand nombre, sachant qu’ils se retrouveront entre les mains d’entreprises de toute taille, mais aussi d’utilisateurs de tout acabit, incluant ceux dépourvus de compétences numériques. Cap sur la démocratisation.

Prenons le cas des PME. Il y a quelques années, peu d’entre elles songeaient à intégrer de grandes solutions logicielles de pointe, principalement parce que les fonctionnalités et la tarification de celles-ci étaient pensées pour la grande entreprise. Or, la pandémie a fait éclater ce paradigme. À l’ère du travail hybride et de l’économie sans contact, les plus petits joueurs ont eux aussi besoin d’outils numériques pour survivre. 

« Avant la pandémie, je me souviens de discussions avec des éditeurs en cybersécurité déplorant qu’une PME ne puisse pas payer entre 20 000 et 50 000 dollars par année pour leur solution », raconte Nicolas Duguay, directeur du développement des marchés et des programmes de cybersécurité de l’organisme In-Sec-M, soulignant qu’une telle somme dépasse le bénéfice net de plusieurs PME québécoises. « Aujourd’hui, ils ont compris le message et se sont adaptés. Il existe désormais plusieurs solutions assorties d’un forfait de base abordable. »

Pour accommoder les plus petites entreprises, les développeurs logiciels doivent concevoir des produits faciles à utiliser. « Dans une petite ou une moyenne entreprise, le personnel qualifié en TI se fait très rare », rappelle Nicolas Duguay.

La possibilité d’intégration dans un système ou une application existante est un autre facteur qui facilite l’adoption des produits par les entreprises. « Ça exige plus de travail de notre part », note Patrick Drolet, PDG de Notarius, un éditeur de produits de signatures numériques et électroniques bien établies dans le paysage canadien et québécois, en desservant plusieurs ordres professionnels. Le PDG s’empresse d’ajouter que ce travail en vaut la chandelle, compte tenu de la forte demande pour une telle caractéristique. « Dans notre cas, environ un tiers du volume des documents que nous traitons l’est à travers une plateforme tierce. »

Pour Notarius, le grand héritage pandémique est la création d’une tarification plus « flexible ». Lors du passage en télétravail, la firme montréalaise a vu s’ouvrir le marché des derniers résistants de l’ère papier. Parmi eux : de nombreuses firmes d’avocats et des organismes publics, ayant chacun leurs besoins propres. « Avant la pandémie, la plupart des organisations demandaient à avoir un compte unique utilisé par tous les employés et assorti d’un tarif mensuel. Or, maintenant, nous avons une demande pour une tarification de type “utilisateur-payeur”, où chaque employé possède son compte. » Le PDG de Notarius explique qu’un tel forfait est plus facile à gérer en travail hybride. « Les employés ont plus d’autonomie pour utiliser notre produit au travail ou à la maison. »

Des systèmes pensés pour les « non-initiés » 

En pleine pénurie de main-d’œuvre, le principe de facilité d’utilisation des systèmes et des applications numériques s’applique à la grande entreprise, qui manque aussi de personnel en TI. « On voit beaucoup de réflexion sur le développement d’outils technologiques qui offrent la possibilité aux ressources moins spécialisées ou moins techniques d’apporter rapidement et facilement des améliorations en réponse aux besoins d’affaires », note Madhavi Mantha, associée en technologie, stratégie et transformation de Deloitte Canada. 

Le mouvement s’étend jusqu’aux intégrateurs logiciels et aux accompagnateurs de la transformation numérique. « Sur 4000 employés, les informaticiens représentent seulement 30 % de notre main-d’œuvre, confie Paul Raymond, PDG d’Alithya. Une grande partie de notre personnel sont des gens qui configurent les systèmes. Ils bâtissent les règles d’affaires et font le pont entre l’utilisateur client et la plateforme qu’ils vont utiliser. Ils sont les interlocuteurs avec le VP finance ou de ressources humaines qui utilisent un tableau de bord. » Par le fait même, on comprend que les grands éditeurs de systèmes de gestion de base de données doivent eux aussi « démocratiser » la configuration de leurs produits.

Patrick Drolet admet qu’il existe une forte demande du marché pour des interfaces pouvant être manipulées par du personnel « non spécialisé ». Il en souligne toutefois l’envers de la médaille. « Aujourd’hui, c’est rendu relativement facile pour un employé d’extraire des données de l’entreprise et de les téléverser dans une application tierce, dont la sécurité n’a pas été évaluée. » D’où l’importance d’intégrer des principes de sécurité informatique — comme le principe du zero trust — dans la conception même des logiciels.

Quatre tendances du développement logiciel : 

– Tarification abordable et flexible

– Interfaces destinées à des utilisateurs non spécialisés

– Facilité d’intégration aux solutions existantes

– Demande pour des outils sectoriels

– Augmentation des requis de cybersécurité