La Banque du Canada maintient son taux directeur à 5%
La Presse Canadienne|Publié le 06 Décembre 2023Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem (Photo: La Presse Canadienne)
La Banque du Canada a laissé son taux d’intérêt directeur inchangé mercredi à 5,0%, encouragée par les signes indiquant que les taux plus élevés contribuent à réduire l’inflation.
«Les taux d’intérêt plus élevés freinent nettement les dépenses : la progression de la consommation a été près de zéro durant les deux derniers trimestres et, malgré leur volatilité, les investissements des entreprises n’ont essentiellement pas progressé par rapport à il y a un an», a annoncé la banque centrale dans un communiqué de presse détaillant sa dernière décision de l’année.
La combinaison d’une croissance plus faible et d’un ralentissement du marché de l’emploi suggère que la demande n’est plus supérieure à l’offre dans l’économie, a ajouté la banque centrale.
Selon la Banque du Canada, ce ralentissement est nécessaire pour rétablir la stabilité des prix.
La décision de mercredi marque la troisième fois consécutive que la Banque du Canada choisit de maintenir son taux directeur inchangé, alors que les prévisionnistes s’attendent généralement à ce qu’une prochaine décision de l’institution soit une baisse des taux.
Toutefois, la Banque du Canada n’exclut pas d’ores et déjà de futures hausses de taux.
«(Le conseil de direction) demeure préoccupé par les risques entourant les perspectives d’inflation et reste prêt à augmenter de nouveau le taux directeur si nécessaire», a précisé la banque centrale, notant qu’elle souhaitait voir les pressions sous−jacentes sur les prix s’atténuer davantage.
Selon James Orlando, directeur économique du Groupe Banque TD, la banque centrale devra bientôt réduire ses taux d’intérêt, car le taux de chômage continue d’augmenter et les dépenses sont en baisse. Mais pour l’instant, il est logique que la banque centrale reste sur ses gardes.
«Le maintien de la politique monétaire aujourd’hui était la seule option pour la Banque du Canada», a écrit M. Orlando dans une note adressée à ses clients. «Mais avec une inflation toujours supérieure à 3%, nous comprenons pourquoi la Banque du Canada n’est pas prête à crier victoire.»
Plombée par des coûts d’emprunt plus élevés, l’économie canadienne a eu du mal à croître de manière régulière cette année. Le dernier rapport sur le produit intérieur brut a montré que l’économie s’était contractée de 1,1% sur une base annualisée au troisième trimestre.
Parallèlement, l’inflation a considérablement ralenti au cours de l’année écoulée, atteignant 3,1% en octobre.
En octobre, la Banque du Canada prévoyait que l’inflation retomberait à l’objectif de 2,0% en 2025.
L’économiste Claire Fan, de la Banque Royale, estime que la décision de la banque centrale de maintenir son taux directeur mercredi n’est pas une surprise, mais ce qui a retenu son attention, c’est le ton plus modéré de la Banque.
«L’accent a été mis davantage sur les données économiques plus faibles», a-t-elle indiqué, ajoutant que cela renforce l’idée que la banque centrale ne relèvera pas les taux de nouveau.
La Royale s’attend à ce que la Banque du Canada commence à réduire ses taux d’intérêt au second semestre de l’année prochaine, une projection plus prudente que celle des marchés financiers.
«Nous pensons qu’elle ne commencera à réduire ses taux qu’au second semestre 2024, une fois qu’il sera plus évident que l’inflation va vraiment revenir à son niveau cible et s’y maintenir», a affirmé M. Fan.
La prochaine décision de la Banque du Canada sur les taux, qui sera accompagnée de la publication de son rapport sur la politique monétaire, est attendue pour le 24 janvier.
Nojoud Al Mallees, La Presse Canadienne