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À surveiller: Banque Scotia, Transat A.T., et CCL Industries

Dominique Beauchamp|Publié le 29 novembre 2023

À surveiller: Banque Scotia, Transat A.T., et CCL Industries

Les perspectives fournies par la Banque Scotia pour 2024 suggèrent que le bénéfice pourrait stagner l’an prochain (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Banque Scotia, Transat A.T., et CCL Industries ? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

Banque Scotia (BNS, 57,41$): après un trimestre noir, les perspectives restent grises

Les banques et les entreprises adoptent parfois la tactique de concentrer toutes leurs mauvaises nouvelles au dernier trimestre de l’année afin de passer à autre chose ensuite.

Un tel scénario se prête bien à la Banque Scotia puisque le nouveau PDG dévoilera en plus son plan stratégique le mois prochain.

Gabriel Dechaine de la Financière Banque Nationale prévient toutefois que le mauvais quatrième trimestre, qui a vu les bénéfices chuter de 39% et les provisions pour pertes sur prêts surpasser ses prévisions par 40%, ne ramène pas le ciel bleu pour la plus internationale des banques canadiennes.

Les perspectives fournies pour 2024 suggèrent que le bénéfice pourrait stagner l’an prochain, en particulier si l’on tient compte des actions qui seront émises en vertu du régime de réinvestissement des dividendes, explique l’analyste. En plus, l’amélioration de la rentabilité entrevue pour la deuxième moitié de 2024 repose en partie sur la perspective de baisses de taux par les banques centrales.

Gabriel Dechaine en déduit que la part des bénéfices que la banque consacre au versement des dividendes pourrait dépasser 60% pour une période «prolongée». Les dirigeants ont laissé entendre qu’il faudra peut-être compter jusqu’à deux ans peut-être, avant que ce «ratio de distribution» retourne à sa cible de 40-50%. Par ricochet, le dividende pourrait rester inchangé ou augmenter très peu, pendant cette période.

La Banque Scotia vise un ratio de fonds propres de première catégorie de 12,5% et devrait l’atteindre, mais elle devra probablement maintenir son régime de réinvestissement de dividendes au rabais d’ici le premier trimestre de 2025 pour y parvenir, prévient l’analyste.

Ce régime – qui permet aux actionnaires de réinvestir leurs dividendes dans l’achat de nouvelles actions à un prix légèrement inférieur à leur cours en Bourse – devrait augmenter le nombre d’actions en circulation de 2% et abaisser d’autant le bénéfice par action.

Les provisions pour les pertes sur prêts encore performants de 454 millions de dollars comptabilisées par la banque au quatrième trimestre ont le plus surpris Gabriel Dechaine qui avait prévu 90 M$. Plus de 90% de ces réserves concernent surtout des prêts consentis aux entreprises au Canada.

L’analyste reconnaît toutefois que la banque effectue un certain rattrapage par rapport à ses rivales à cet égard.

L’analyste abaisse donc ses prévisions de bénéfices pour s’ajuster aux revenus moindres que prévu et aux provisions plus élevées que prévu. Sa cible passe de 65 à 60$, soit 4% de plus que le cours actuel. Il lui attribue un multiple de 9 fois le bénéfice de 6,63$ projeté en 2024.

Ce bénéfice par action est à peine plus élevé que celui de 6,54$ dégagé en 2023 et 22% de moins que celui de 8,50$ affiché en 2022.

Il reste neutre envers le titre lui prédisant une performance égale au secteur.

Transat A.T. (TRZ, 3,06$) : la co-entreprise avec Porter plait, mais ne change pas la donne

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Un an après l’accord de partage de codes, les transporteurs aériens Transat A.T. et Porter Airlines unissent leurs forces dans une co-entreprise qui facilitera encore plus le partage de leurs réseaux complémentaires pour les voyageurs.

Si Cameron Doersken de la Financière Banque Nationale voit la nouvelle entente commerciale d’un très bon œil – parce qu’elle apportera à Transat A.T. de nouveaux voyageurs locaux dont ses rivaux nationaux bénéficient déjà – il reste prudent et ne touche pas à son cours cible de 4$ et il continue de recommander d’éviter le titre du transporteur aérien nolisé.

Transat doit en effet refinancer une importante dette prochainement, ce qui pourrait affaiblir la position des actionnaires.

L’analyste s’attend d’ailleurs à ce que le transporteur continue d’améliorer sa rentabilité comme il l’a fait au cours des derniers mois.

La co-entreprise ne devrait pas soulever de soucis de la part des autorités réglementaires, dit-il, puisqu’elle améliore la concurrence au pays et que les deux réseaux, l’un surtout intérieur et l’autre international, se complètent.

L’alliance prévoit entre autres que les deux transporteurs partagent des revenus en fonction de formules préétablies tout en harmonisant leurs vols et en coordonnant leur mise en marché et leurs tarifs.

Les voyageurs pourront combiner des segments de vol sur un seul billet et enregistrer leurs bagages une seule fois.

Les membres du programme de fidélisation de Porter pourront aussi utiliser leurs points pour les vols de Transat.

«Transat n’offre pas encore de programme de fidélisation, mais nous prévoyons qu’un tel plan pourrait être implanté en 2025 et permettre à ses voyageurs d’utiliser leurs points pour les vols de Porter», ajoute Cameron Doersken.

Transat prévoit que 15 à 18% de ses clients proviendront des vols de correspondance de Porter une fois que tous les bénéfices des ententes commerciales seront pleinement réalisés.

L’entente de 10 ans requerra peu d’investissements de la part de Transat, hormis les dépenses en infrastructures TI, précise aussi l’analyste.

Son cours-cible de 4$ équivaut à un multiple de 5 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2024.

CCL Industries (CCL.B, 57,10$) : Scotia flaire un point de bascule pour le géant des étiquettes

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Jonathan Goodman reprend le suivi du principal fabricant mondial d’étiquettes intelligentes pour Banque Scotia au moment où il perçoit plusieurs catalyseurs qui pourraient extirper le titre de six ans de surplace en Bourse.

L’analyste entrevoit une réaccélération de la croissance interne en 2024, le potentiel pour des marges structurellement plus élevées à moyen terme ainsi que la possibilité d’acquisitions d’envergure, énumère-t-il dans un rapport de 40 pages intitulé «Un bon endroit pour se réfugier … et prospérer».

L’analyste apprécie que la multinationale ontarienne réalise 60% de ses revenus auprès de fabricants de produits de consommation courante tels que les produits d’hygiène personnelle, les aliments et les breuvages ainsi que les produits de santé. La dynamique et le calibre de cette industrie offrent une croissance supérieure à celle de l’économie et supportent des marges stables d’environ 20% et des flux de trésorerie excédentaires qui atteignent 45% des bénéfices, explique l’analyste.

CCL a un long historique d’acquisitions rentables, mais la société n’a pas réalisé de transaction majeure depuis 2017 parce que les prix demandés étaient «prohibitifs», ajoute-t-il. La société a bouclé 70 acquisitions depuis 2010, ajoutant 400 points de base à son rendement du capital investi entre 2013 et 2017.

Jonathan Goodman croit que la hausse des taux d’intérêt et l’accès plus couteux au capital pourraient refroidir l’ardeur des fonds privés qui concurrencent CCL en tant qu’acquéreurs lors de transactions. De plus, les rivaux de CCL, déjà entre les mains de fonds privés, semblent éprouver certaines difficultés, ce qui les éloigne aussi des acquisitions.

L’analyste estime que la croissance des initiatives internes de CCL et des acquisitions ciblées peuvent accroître le bénéfice d’exploitation à un rythme de 7 à 9% par année, strictement à partir des flux de trésorerie générés à l’interne.

Par ailleurs, le bilan de CCL est probablement le plus sain qu’il n’a jamais été. Jonathan Goodman prévoit en effet que la dette déclinera jusqu’à 0,8 fois le bénéfice d’exploitation à la fin de 2024.

CCL dispose d’une encaisse de 800 millions de dollars et de ressources financières totales de 1,6 milliard de dollars. La majorité de la dette porte intérêt à 3% et échoit à partir de 2026.

L’analyste estime que les multiples facteurs qui ont freiné la croissance de la société et l’appréciation du titre depuis 2017 sont chose du passé. Il mentionne la fermeture des grands magasins d’articles de bureau, la volatilité des cours de la résine, et les conflits géopolitiques. Il rappelle que CCL a multiplié sa valeur en Bourse par un facteur de dix entre 2012 et 2017.

Enfin, l’évaluation du titre, soit 8,7 fois le bénéfice d’exploitation, est au plus bas en dix ans.

«Cette évaluation reflète la perception que la rentabilité a déjà atteint son point culminant, mais nous croyons que c’est le contraire», fait-il valoir.

La croissance interne devrait connaître un nouvel élan en 2024 parce que les multinationales de produits de grande consommation ont augmenté leurs prix alors que les coûts diminuent. Les ventes de produits électroniques et de vêtements devraient se rétablir tandis que les fournisseurs d’étiquettes intelligentes écoulent leurs surplus de stocks.

L’analyste de Banque Scotia recommande l’achat du titre. Son cours cible de 72$ est inférieur à la moyenne de ses collègues, mais il offre un potentiel d’appréciation de 24%.